Polar nautique

Publié le par chroniques-noires-gilles-vidal.over-blog.com

couve-grandtheatre.jpgLe commissaire Vincent Laffargue vient d’être muté à Bordeaux en tant que chef de la section financière du SRPJ, Bordeaux dite la « belle endormie », la ville où il a vu le jour et passé son enfance. Mais cela ne semble pas le combler totalement de joie, car, dès son arrivée, son supérieur hiérarchique, le directeur Bosner, lui fait comprendre qu’il devra désormais éviter de s’éloigner des sentiers battus de l’administration, faisant ainsi référence à la manière dont il avait géré l’affaire « Carlson » lorsqu’il était en poste en Bretagne (voir Traque en haute mer, du même auteur, paru chez le même éditeur en 2009 et première aventure de notre héros). Heureusement, son fidèle commandant Muller l’a suivi, un robuste Alsacien au franc-parler, ainsi que sa femme Sylvie et son jeune fils Pierre, pour lesquels il a choisi un petit nid douillet, une « échoppe », sorte de charmante maison en centre-ville bordelais. Sans oublier bien sûr son fidèle voilier, Méa, dont l’intérieur fut décoré par Philippe Starck, et qui mouille maintenant au bassin à flot n° 2. Mais Laffargue n’est pas de la « rive gauche », celle des hautains bourgeois girondins tout pleins de morgue retenue, mais plutôt de la « rive droite », celle des besogneux, de ceux qui ont aux lèvres la gouaille populaire et l’âme gauchisante. Donc, pour en revenir aux attributions de notre cher commissaire, qui dit section financière, dit recherche de magouilles éventuelles, et justement, Vincent Laffargue et son adjoint vont mettre le nez dans un sacré micmac qu’ils voudront éclaircir. Mais comment faire tomber un notable protégé de toutes parts ? En l’occurrence un certain Hubert de Fronsac, malfaisant multicartes qui n’hésite pas, à l’aide de nervis et d’hommes de paille, à pousser les gens au suicide pour obtenir indûment ce qu’il désire, arrosant de pots-de-vin à tout va, renvoyant et se faisant renvoyer des ascenseurs tout droit venus des bas-fonds de la corruption la plus crapule, celle qui utilise et détourne le Pouvoir, notamment celui obtenu par les urnes. Portée par un style classique plaisant et des dialogues animés, l’intrigue de ce polar nautique (à souligner l’originalité du genre – je cherche en vain l’équivalent), déplie ses rouages bien huilés sans pour autant nous dédouaner de bons coups de tabac de bâbord et de tribord, jusqu’au dénouement final. Pour parvenir à ce dernier, François Ferbos, lui-même marin et ancien policier, nous emporte de la parfois tumultueuse Garonne à l’océan Indien : un singulier et bien agréable voyage.

 

Grand théâtre, de François Ferbos, 222 p., 18 €, Éditions Le Télégramme, 2010.

© Gilles Vidal

http://gilles.vidal.monsite.orange.fr/

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