Mise en abîme

Franck Marquez, auteur de thrillers à succès, va s’enfermer quelques mois par an dans sa maison de Brighton-les-Pins pour y concocter ses nouveaux best-sellers, laissant derrière lui femme et enfant à Amiens. Cette fois, désireux de changer quelque peu de registre, de style, il croit tenir le bon bout et s’imagine être sur le point d’écrire son meilleur roman, ce dernier mettant en scène comme personnage principal, un énigmatique Irlandais. Coïncidence ou pas, il fait la connaissance d’un Irlandais bien réel, Jimmy O’Shea qui, peu à peu, sans faire de bruit, s’installe dans sa vie – ou disons que, surgi d’on ne sait où à vélo, il est toujours là au moment opportun, semblant même devancer les pensées de notre héros.

Là-dessus, après avoir pété un plomb à cause d’un supposé paparazzi, ressenti des vertiges, des éblouissements, la présence de fantômes, sa femme Anne et sa fille Rosa viennent lui rendre visite un week-end. Mais les retrouvailles familiales tournent au cauchemar quand survient le drame… Le reste, que je tairai pour l’intérêt du lecteur, ne sera qu’une lente glissade vers un gouffre empreint de paranoïa, de faux-semblants, de dédoublement de personnalité, de pure folie…

Bien que ce roman eût mérité quelques coupes afin d’accélérer le propos – cela reste mon humble avis –, c’est néanmoins avec grand plaisir – et angoisse – que nous accompagnons notre malheureux écrivain dans sa mise en abîme. Un deuxième roman réussi d’un auteur à suivre, assurément.

L’Irlandais de Brighton, de Johann Moulin, 315 p., 12 €, « Polars en Nord », Ravet-Anceau, 2010.

© Gilles Vidal

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