Les bagnoles ne tombent pas du ciel

Publié le par coline

 

62_Bagnoles.jpgPuisqu’elle n’a pas eu pour Noël la voiture d’occasion que lui a promise Joé – Joseph Gallois, pharmacien quinquagénaire au physique « à la Robert Redford » –, Naëlle, sa jeune maîtresse étudiante prête à tout pour gonfler son maigre compte en banque, se venge en dévoilant à sa femme Marie-Cécile qu’elle est cocue jusqu’à la moelle. Ô grand Dieu miséricordieux ! La pieuse épouse n’en croit pas ses voies devenues depuis un bon moment impénétrables. Comment son cher mari si croyant, si ponctuel, si pointilleux a-t-il pu accomplir une si abjecte dépravation ? Car ce n’est pas le genre chez les Gallois, où chaque bondieuserie est à sa place, comme le manche à balai là où l’on sait, où tout objet ludique est banni, par exemple la télé, avilissante avec toutes ces cochonneries qui y passent sans arrêt. Bien entendu, la famille est nombreuse – sept enfants ! –, on ne connaît pas la capote ici, ni la pilule, et malheureusement le petit dernier, Gabriel, est un trisomique, que même sa sœur aînée rechigne à garder quand Marie-Cécile a des migraines – ce qui lui arrive de plus en plus souvent –, car il n’arrête pas de se tripoter le zizi, ce qui est dégoûtant, vous comprenez, vis-à-vis de ses propres enfants. Elle arrive finalement à faire avouer à Joseph l’inavouable, mais ce dernier se refuse à répondre ensuite aux questions plus poussées, demeurant muet comme une carpe. Marie-Cécile est à bout. Et la veille de Noël, Joseph la découvre morte après une nuit entière passée hors du domicile. Tuée à l’aide du pistolet qui appartenait à son père, pomponnée comme si elle revenait d’un bal ou attendait un improbable amant. Est-ce un suicide, Joseph l’a-t-il assassinée ou bien est-ce un tiers ? L’enquête est confiée à la costaude capitaine Olga Zaiev qui, après s’être heurté à un mur, se résout à mettre Joseph Gallois sous les verrous. Pendant ce temps, le capitaine Marc Flahaut, mis à pied pendant six mois sans salaire suite à sa dernière enquête (voir Lille-Québec du même auteur chez le même éditeur), et qui travaille au noir pour une boîte de détectives privés, en attendant d’être réintégré à la PJ, voit arriver dans les bureaux de l’agence la pédicure de Mme Gallois, Valentine Mahieu, qui est persuadée que Joseph Gallois est innocent et qui veut savoir la vérité, ou du moins connaître l’alibi qu’il s’obstine à taire et qui pourrait le dédouaner. Valentine serait-elle amoureuse de M. Gallois ? Juché sur son Solex rafistolé, notre bon capitaine chevelu aux yeux verts va se lancer dans une enquête pleine de rebondissements. Des dialogues bien huilés, une intrigue classique qui tient la route, c’est le cinquième roman que nous offre Lucienne Cluytens.

 

Les bagnoles ne tombent pas du ciel, de Lucienne Cluytens, 244 p., 10 €, Éditions Ravet-Anceau, 2010.

© Gilles Vidal

 

 http://gilles.vidal.monsite.orange.fr/

 

 

 

 

 

 

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