Cétacé

Publié le par coline

 

762px-La_baleine_d-Ostende_1827.jpgL’autre matin, j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres une enveloppe dans laquelle se trouvait un exemplaire du nouveau polar d’un de mes amis – même si je n’ai plus de nouvelles de lui depuis près d’un an et demi, je me dois de le considérer encore comme tel. Sa dédicace était joyeuse, il semblait fier de son Calamar. Mais voilà, la maison d’éditions qui publie les aventures du Calamar a changé de main, et son nouveau propriétaire a sorti un infect roman raciste, machiste, vulgaire, écrit à la va-comme-je-te-pousse par un fachiste pur jus. À la suite de l’annonce de cette publication, une pétition a été lancée, demandant que soit retirés du catalogue de la maison d’édition les ouvrages des auteurs signataires – je l’ai signée, moi-même étant auteur d’une de ces aventures calamaresques à la fin des années 90 – si l’éditeur ne renonçait pas à sortir le torchon. Mais hélas, le torchon s’est retrouvé sur les étals des libraires. Alors la question se posait : allais-je faire une chronique de ce livre que je venais de recevoir, essayant de trouver des circonstances atténuantes à son auteur, genre qu’« en ces temps d’austérité, c’est dur pour un auteur de polars peu connu de se faire publier, alors peut-être faut-il être indulgent si certains se munissent d’œillères, car après tout, ils avaient signé leur contrat bien avant cette affaire » ? Même si le grand-père, voire le père de cet auteur, d’origine ashkénaze, a/ont dû avoir quelque raison de fuir son/leur pays de l’Est… Mais, renseignements pris, il se trouve que plusieurs auteurs avaient écrit un Calamar qui devait être publié et qu’ils ont retiré leur contribution après cet épisode. Et que d’autres ont fait semblant de ne pas voir la mortelle contradiction. Bien sûr, on est habitué aux lâchetés ordinaires du monde éditorial, des écrivains en particulier, il faut faire avec. Autrement, en ce qui concerne la « dureté » qu’il y aurait à se faire publier, les temps n’étaient-ils pas autrement plus durs pour les gens poursuivis par les miliciens ? Finalement, tout bien pesé, je ne parlerai pas de ce bouquin. Désolé, mon ami, mais c’est assez.



© Gilles Vidal


 http://gilles.vidal.monsite.orange.fr/





 

 

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