De sac et de corde

Publié le par coline

couve-Pendus-de-Mormal.jpgOn a retrouvé Arnaud Dupuis pendu dans la maison de son père sans qu'apparemment il ait laissé une lettre derrière lui. C’était un copain d’école primaire du commissaire Gabriel Sauvage, un avocat reconverti, revenu habiter le lieu de son enfance et soigner un certain spleen. Un flic peu orthodoxe qui aime démarrer la journée avec un bon joint et qui roule avec la vieille 4L de sa défunte mère. Arnaud avait fait vingt ans de prison pour un viol et un meurtre sur une mineure qu’il avait toujours niés. C’est Mélie qu’il aimait, Mélie qui aujourd’hui tient le bistrot du village et tire le Tarot à l’occasion. Enfant, la mère d’Arnaud, Claudie, avait été chassée par son père Michel, une brute ombrageuse qui fait peur à tout le village, même aux enfants quand ils s’aventurent trop près de chez lui. Et Claudie est bien sûr revenue pour enterrer son fils, accueillie par Mélie – et pour en découdre aussi. Il y a l’acariâtre Mlle Leblanc, une musicienne ratée aux doigts perclus d’arthrite, qui, pour joindre les deux bouts, loue une chambre de sa maison à une étrange Mlle Constant arrivée depuis peu (enveloppée d’un envoûtant parfum), et qui s’envoie en douce du bourbon dans des verres à moutarde, parfois dès potron-minet : que cache-t-elle, elle aussi, comme secret ? Il y a Momo encore, au milieu de tout ça, un petit gars de la banlieue lilloise envoyé en « vacances calmantes » chez les très cools Isabelle Demulder – qui est peintre –, et son mari, faisant la connaissance avec une nature qui lui est étrangère, dont une forêt, la forêt de Mormal, où l’on peut parfois se perdre comme le petit Poucet, mais où il fait bon faire des découvertes et se sentir libre. Mais voilà qu’un deuxième pendu est retrouvé, à la différence près qu’il semble bien qu’on lui ait donné un sacré coup de pogne à celui-là. Ça commence à fouetter dans Berlaimont, la psychose plane au-dessus des toits de tuiles : qui va être le prochain sur la liste ? Le commissaire Sauvage et son docile lieutenant Soucy vont-ils accéder à la vérité ? Mais comme a écrit Simenon, « les événements mémorables ne ressemblent jamais à ce qu’on attend d’eux »…

Les Pendus de la forêt de Mormal est un bon premier roman, de ceux qualifiés « à énigme », que l’on lit sans ennui, Mylène André maîtrisant parfaitement son sujet et son style. Ses personnages sont vivants et attachants même s’ils souffrent quasiment tous de névroses, les considérations digressives bienvenues, l’atmosphère enveloppante. Quant à la fin, elle est étonnante comme il sied au genre. Pour quand la récidive ?

 Les Pendus de la forêt de Mormal, de Mylène André, 156 p., 8 €, « Polars en nord », Ravet-Anceau, 2010.

 

© Gilles Vidal

 

http://gilles-vidal.pagesperso-orange.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

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