Les ambiances incertaines

Publié le par Gilles Vidal

 

 

ACTION SUSPENSE

 

« La région de Virelay ressemble à n’importe quelle ville anonyme en France, au milieu de paysages pas plus remarquables qu’ailleurs. Encore traumatisé par un attentat sanglant, qui lui cause ponctuellement des vertiges, le policier Franck Kamensky espère retrouver un équilibre dans ce décor. Si les cas de disparitions supposées volontaires l’intéressent, c’est lié à sa propre vie. Douze ans plus tôt, à l’issue d’une relation tumultueuse, sa compagne Élodie a brutalement tourné la page, laissant pour lui bien des questions en suspens. Un habitant de Virelay, Antoine Rouvier, semble confronté à la disparition d’une jeune femme qu’il hébergeait depuis peu. Mais le cas de cette Josy Gellert ne retient guère l’attention de la police. D’autant que se produit une énigmatique affaire criminelle.

Le cadavre d’un jeune homme inconnu a été découvert dans un sous-bois à truffes aux abords de la ville. On l’a sévèrement maltraité avant de l’égorger. Aucune disparition n’ayant été signalée dans les environs, ça complique son identification. Un seul indice nébuleux : la victime tenait dans sa main un os d’oiseau. Franck Kamensky contacte un ornithologue local, qui le renseigne, sans que cela offre une piste déterminante. Il faudra attendre que soit retrouvé par hasard un véhicule abandonné pour qu’apparaisse un début de réponse. De son côté, Antoine Rouvier persévère afin de retrouver Josy. Il a établi un portrait-robot aussi proche que possible. Sa petite enquête est perturbée par quelqu’un qui, par téléphone, prétend l’aider mais qui risque de se montrer bientôt menaçant. 

Vincent Appert est de retour à Virelay. Autrefois, il voulait devenir écrivain, avant d’avoir l’opportunité d’être scénariste. Il vient d’hériter de la maison des Sauvard, où il fut élevé durant une partie de son enfance. Voilà belle lurette que cette habitation ne respire plus le bonheur. Il s’est jadis produit là un drame, jamais vraiment expliqué. Si Vincent garde en tête d’autres images confuses, peut-être un peu plus heureuses, quel plaisir trouverait-il à revoir cette maison vide – tout récemment cambriolée ? On y a volé un secrétaire, meuble d’une valeur certaine, qu’un receleur de la région ne tarde pas à proposer à Rouvier. C’est un expert dans ce genre d’objets rares, qui a un client qui sera intéressé. Dans un tiroir secret, il déniche un couteau-crucifix et une enveloppe jaunie.

Il est plus que probable que Vincent soit en danger dans cette maison morte, mais il ne le sait pas encore. Antoine Rouvier espère encore et toujours qu’un indice lui permettra de retrouver Josy. Quant au policier Kamensky, une fois identifié le jeune mort du sous-bois, son enquête pourrait être dans l’impasse. Pourtant, n’y a-t-il pas dans l’ombre quelqu’un qui mène une implacable vengeance ?…

C’est bien dans la catégorie des polars qu’il convient de classer ce livre. Mais, bien qu’un policier fasse partie des protagonistes, on ne peut l’aborder telle une enquête balisée où il s’agit de déterminer le nom du coupable. Cultivant le mystère, les ambiances incertaines, les détails qui interrogent, l’auteur ne cache pas l’ambition de ce “Ciel de traîne”: que ce roman soit de “ceux qui suscitent des questions plutôt que [de] ceux qui apportent toutes les réponses.” Il finit par nous donner les clés de cette troublante intrigue, comme il se doit. Pourtant, c’est le chassé-croisé des personnages tout au long du récit qui offre une force à cette histoire. Aucun n’a de point commun avec les autres, si ce n’est cette ville. Néanmoins, tous sont impliqués, certains étant sûrement en danger.

Quand un auteur ne laisse filtrer qu’avec parcimonie de rares éléments destinés à éclairer le lecteur, il arrive qu’on s’en agace. Ce n’est pas le cas concernant Gilles Vidal. On a vite compris qu’il maîtrise le dosage entre noirceur criminelle et étrangeté, créant ainsi une tonalité qui lui est personnelle. Qui est d’autant plus agréable que cela ne nuit absolument pas à la fluidité narrative, à la progression de l’affaire. Un roman plutôt singulier, laissant une impression très favorable. Il est vrai que Gilles Vidal est un romancier chevronné. »

Claude Le Nocher

http://www.action-suspense.com/2018/02/gilles-vidal-ciel-de-traine-editions-zinedi-2018.html

 

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